Ce 16 octobre 2013, l’association Nuaké assistait au symposium “des semences pour la vie” au CESAL Tokoin de Lomé, donné à l’occasion de la semaine d’action des églises sur l’alimentation et la nutrition. Celui-ci a commencé par les discours de bienvenue des représentants du Conseil Chrétien du Togo ainsi que ceux du représentant du ministère de l’agriculture, de l’élevage et de la pêche. Ces derniers se sont retrouvés dans leur volonté de faire la promotion du droit a l’alimentation, d’une agriculture durable, d’une production locale et d’un soutien aux agriculteurs. Ces thèmes annonciateurs du contenu du programme, ont été illustrés par « Echoppe », coopérative de femmes pour la promotion du commerce biologique, proposant pour les pauses de la journée, une cuisine unique a base de produits bio et locaux.

S’en est suivi le premier panel sous le thème « La semence, l’évangile qui amène l’homme a l’action libératrice » ou comment aborder la question de l’Homme et la semence sous l’angle des écritures saintes. Le pasteur Saram Ankou (Eglise des Assemblées de Dieu du Togo) amena la question de l’implication et de l’impact de l’église dans la société civile et de son devoir d’être vecteur de militantisme et moteur de développement auprès des fidèles. L’intervention de la coordinatrice de Réseau Africain Pour le Droit à l’Alimentation (RAPDA) Mme Quenum Claire, aborda « Les dangers pour le droit a l’alimentation en Afrique ». Elle y souligna l’absence de mesures concrètes au Togo pour poursuivre sa lutte contre la faim. Les solutions qu’elle esquisse sont de rendre accessibles (qualitativement et quantitativement) les aliments, l’eau et les services de santé, ce qui ne sera rendu possible que part un contexte institutionnel et politique favorable. Elle a rappelé les dangers de l’introduction d’OGM et des productions locales délaissées en faveur d’une agriculture concurrentielle au niveau des marchés mondiaux. Elle a conclu par la nécessité de passer de la sécurité alimentaire a la souveraineté alimentaire pour les peuples, c’est-à-dire, ne pas seulement avoir a manger mais aussi la liberté de produire, d’avoir le contrôle des ressources naturelles, de répondre a l’alimentation des peuples au regard de leurs besoins et de leur culture. Une dernière intervention de Mme Amouzou Philomène, la coordinatrice nationale de la campagne de sécurité alimentaire est venue conclure ce panel en soulignant la volonté des institutions de la société civile de soutenir les initiatives des femmes dans le milieu agricole. L’assemblée de participants au symposium a profité d’une longue cession d’échanges afin de réfléchir ensemble aux rôles de chacun dans le soutien de la condition des agriculteurs et pêcheurs togolais, ainsi que la façon de promouvoir une agriculture locale sans OGM ni pesticide utilisés a grande échelle mais pas encore au Togo.
Le deuxième panel était intitulé « La guerre des semences, un danger pour la production locale et risque pour la souveraineté alimentaire de l’Afrique ». M. Kombate Koffi, membre de l’institut togolais de recherches agronomiques fit la présentation de la gestion des semences au Togo, en se demandant « quelle perspective pour les semences locales face aux semences améliorées proposées par l’étranger ? ». Il rappela a quel point le comportement du consommateur impactait sur celui de l’agriculteur et que la diversité des cultures d’espèces traditionnelles étaient menacées aujourd’hui. Pourtant c’est cette diversité qui garantit la pérennité des récoltes pour l’agriculteur et une adaptation aux changements climatiques actuels de la part des espèces naturelles. Ensuite M. Amegadze Elorm Kokou, représentant de PACJA Togo (Panafrican Alliance for Climate Justice in Africa) parla des « pratiques d’adaptation aux changements climatiques pour répondre a la souveraineté alimentaire au Togo ».
Son intervention établit la situation du pays en matière agricole – soit 40% des terres exploitables sont cultivées, 40% du PIB togolais est assuré par le secteur agricole et il représente 70% des emplois de la population active nationale.
Une présentation de diverses mises en œuvre au travers du pays afin de s’adapter aux changements climatiques a été faite, telle que l’aménagement des bas fonds et terres humides pour la pisciculture, l’agroforesterie, l’irrigation par barrage ou retenues d’eau…

Le panel s’est achevé sur la projection de « Seeds of Freedom » court métrage documentaire sur la situation mondiale des semences traditionnelles évincées par celles des industriels tel que Monsanto privant les agriculteurs de dignité et les consommateurs partout sur la planète d’une alimentation saine. La journée s’est terminée sur de derniers débats modérés par Mme Tchohlo Akossiwa, ancienne parlementaire, tenus entre intervenants et participants au symposium autour des semences traditionnelles et l’utilisation grandissante des OGM.